Ancien chef-lieu de canton, Bordères-Louron est une charmante commune de montagne
perchée à environ 800 mètres d’altitude. Sa superficie, relativement vaste, s’explique
par la fusion avec l’ancienne commune d’Ilhan en 1972. Trop souvent traversée sans
être vraiment découverte, Bordères-Louron mérite pourtant qu’on s’y arrête. Nous
espérons que cette brève présentation éveillera votre curiosité… et vous donnera
envie de faire une halte, notamment le dimanche matin, jour de marché.
Bordères-Louron adopte son nom définitif en 1897, afin de se distinguer d’autres
communes portant le nom de Bordères, notamment Bordères-sur-l’Échez, située également
dans les Hautes-Pyrénées. Le nom "Bordères" provient des anciennes bordes, ces granges
agricoles typiques de la région. Le territoire est habité depuis l’époque romaine,
comme en témoignent plusieurs vestiges archéologiques découverts sur place. Bordères
paraît avoir porté le nom de Vicus Sparum, comme indiqué sur une stèle. Les habitants
ont pour sobriquet les Anglais ou les charbonniers.
Bordères-Louron se situe à l’entrée de la vallée de la Neste du Louron, plus communément
appelée ici la « Vallée du Louron ». Véritable porte d’accès à ce territoire montagnard,
le village constitue un passage incontournable pour rejoindre le lac de Génos-Loudenvielle
ou gravir le célèbre col de Peyresourde, après le village de Mont.
La mairie de Bordères-Louron et l’ancienne école, bâtiment édifié vers 1890-1900.
Les seigneurs du Louron possédaient à Bordères un château-fort de taille respectable,
doté notamment de sa propre prison. Malheureusement, un violent incendie survenu
le 14 janvier 1740 ravagea l’édifice, détruisant également la quasi-totalité des
maisons du village.
Quelques pans de mur subsistent et peuvent être observés le long du chemin de l’Hort.
Vue aérienne des ruines du château.
Les pierres du château d’autrefois vivent encore, intégrées aux maisons du village
et aux murs qui soutiennent les chemins.
L’église de Bordères-Louron
L’église de Bordères-Louron, dédiée à Notre-Dame de l’Assomption, célébrée le 15
août, est une construction relativement récente, terminée en 1874. Elle fut conçue
dès 1861 par l’architecte départemental Jean-Jacques Latour, également auteur du
palais de justice de Tarbes, du musée Massey, de l’hôtel de ville de Maubourguet,
de l’ancien hôpital de Barèges et des églises de Pujo, Ossun et Laloubère.
Derrière sa simplicité apparente, l’intérieur recèle quelques éléments de l’ancienne
église, détruite autrefois, qui méritent une attention particulière. L’édifice ouvre
souvent ses portes le dimanche matin.
Le retable du sculpteur Marc Ferrère d’Asté (1674-1758).
Le devant d’autel en cuir de Cordoue (détail).
Le nouvel autel tranche par sa sobriété, mais il faut remarquer à l’arrière-plan
les quatre statuettes anciennes en bois :
Juste à droite du retable de Marc Ferrère, une face d’auge cinéraire romaine, ornée
des portraits des deux défunts, a été incrustée dans le mur. Découverte en 1926 par
l’abbé Gaillard lors de la démolition de l’ancienne église, elle fut transférée ici.
Brisée en sept fragments, elle présente en son centre une cavité destinée à contenir
des reliques. L’inscription gravée sur la pierre laisse penser que Bordères-Louron
portait autrefois, à l’époque romaine, le nom de Vicus Sparum.
À la sortie de l’église se dresse le monument aux morts communal, sculpté en 1919
par Joseph Gardy, artiste originaire de Bagnères-de-Bigorre.
Si la nouvelle église de Bordères-Louron se dresse aujourd’hui sur la rive droite
de la Neste du Louron, l’ancienne, aujourd’hui disparue, se trouvait sur la rive
gauche. Elle correspondrait à l’emplacement actuel du cimetière. Quelques rares photographies
témoignent encore d’une époque où les deux églises coexistaient.
L’ancienne église, détruite en 1926, était dédiée à Saint-Orens. Jugée trop petite,
sombre et humide, elle fut remplacée par un édifice plus moderne. Au début du XXème
siècle, la préservation du patrimoine n’était pas une priorité : dans le secteur,
on n’hésita pas à démolir volontairement plusieurs églises anciennes, celles de Bordères-Louron,
d’Avajan et de Saint-Lary, pourtant vieilles de plusieurs siècles.
Il y a quelques années, la municipalité a eu la belle idée d’installer dans le village
des photographies anciennes des années 1910-1920. Des panneaux explicatifs, réalisés
par la remarquable association du Patrimoine Aure-Louron, complètent cet ensemble.
Ils révèlent un Bordères-Louron autrefois vivant et animé, où l’on trouvait plusieurs
cafés et épiceries, une école, une gendarmerie, une poste, ainsi que des moulins
et des scieries. Aujourd’hui, l’atmosphère y est plus paisible, les pôles d’attraction
s’étant déplacés vers Arreau et Loudenvielle.
Notre coup de cœur à Bordères-Louron : le charmant marché du dimanche matin ! C’est
l’occasion parfaite de découvrir un village vivant et accueillant. Et, cerise sur
le gâteau pour les amateurs de patrimoine, l’église est souvent ouverte de 10 h à
midi.
L’eau abonde à Bordères-Louron, comme dans bien des villages de montagne pyrénéens.
Grâce à elle, cinq lavoirs ont vu le jour sur la commune : quatre à Bordères-Louron
et un à Ilhan. (Un lien spécifique en bas de page leur est consacré.)
Sur la photo ci-dessus, en plein cœur du village, le lavoir de La Carrère, flanqué
de son abreuvoir, rappelle la vie quotidienne d’autrefois.
Juste au-dessus du lavoir de La Carrère se dresse la maison Mandret, considérée comme
la plus ancienne du village. Le millésime 1621, gravé au-dessus de la porte, en témoigne.
Le 14 janvier 1740, un violent incendie ravagea en moins de quatre heures la quasi-totalité
du village. Rien n’y échappa : maisons d’habitation, granges, bétail et même le château
furent réduits en cendres. En plein cœur de l’hiver, la catastrophe plongea la communauté
dans la désolation et laissa un profond traumatisme. Quelques anciennes pompes à
incendie, visibles ici et là dans la commune, en gardent aujourd’hui le souvenir
silencieux.
Dans les rues de Bordères-Louron
Prenons le temps de flâner à Bordères, le long de la Neste du Louron.
En route pour le col de Peyresourde.
Bordères-Louron, un passé agricole très marqué.
Notre conseil, prenez les petits chemins qui vous mènent sur les hauteurs du village.
Vues aériennes de Bordères-Louron
Vue vers le sud et les hauts sommets, proches des 3000 mètres d’altitude.
Vue vers le nord. Bordères-Louron semble minuscule. A gauche, le massif de l’Arbizon
et ses 2831 mètres.
Tout en bas à droite, dans le virage en épingle, le pan de mur de l’ancien château.
Ilhan, rattaché à Bordères-Louron en 1972, était une commune à part entière autrefois,
située sur un petit plateau à 900 mètres d’altitude. C’est désormais un hameau en
direction de Lançon. Une poignée de maisons compose ce village qui tire son nom du
domaine antique d’Illius.
L’ancienne école, bâtie en 1878, est plus ancienne que celle de Bordères-Louron.
Le lavoir du Bayet et son abreuvoir.
Le joyau d’Ilhan est son église ancienne d’origine romane. Elle est dédiée à Saint
Germé que l’on fête le 12 septembre.
Le retable, les statuettes anciennes, les fresques du XVIème siècle dédiées à la
Vierge et l’autel orné de cuir de Cordoue (comme à Bordères-Louron) constituent la
richesse de l’édifice.
Le portail d’entrée est en tous points remarquable. Si vous observez bien, vous pourrez
découvrir deux têtes humaines.